Les oeuvresdevictor.over-blog.com

Au beau milieu d'un pré

devenu vert

- après l'hiver -

une vache cornes dressées

mâche et remâche 

d'un air compassé

en regardant

- yeux gros ouverts -

cette passante qui s'attarde

Etrangeté

- après l'hiver -

au bord du pré.

Les galets étaient immobiles

Le vent tombé de la voûte du ciel

pleurait au milieu de la dune

- Tranquillité du temps -

- Repos du coeur en fièvre -

Les vagues allaient et venaient

- Rythme sans fin -

- Horloge de la nature -

L'espace d'un instant

les oiseaux qui planaient   

m'apportèrent des nouvelles lointaines

...et je n'eus pas envie de regarder

plus loin que l'horizon.

Un répit, un silence

Un arc entre deux rives

Un avoir déposé en attente de l'ombre

Un pli dans ton regard

qui s'étonne le soir.

L'oiseau se barricade

Un monceau de brindilles

en guise de parade.

Tu parles,  tu te mesures

à la pâleur du jour

qui tombe sur la mer.

Il se donne et pourquoi ?

Dites pourquoi il court

de l’aube appareillée à la pointe du jour.

Un être fait de chimères et pourtant il écoute

le bruit que fait le vent

- Est-ce gémissement ? -

Toute sa vie, il rit et quand il pleure

son cœur ne rougit pas car les larmes qui coulent

de ses yeux de velours

roulent jusqu’à sa bouche comme gouttes de pluie

sur la vitre muette.

Il est diseur de bien

et de mal,

et l’amour et la haine

tricotent chaque jour leur pelote de laine.

Dans le monde affairé, l’homme à la pèlerine

le long des chemins vides

lentement s’achemine

et tresse dans ses pensées des couronnes d’épines

qu’il offre aux cœurs morts

asphyxiés par le vide.

Extrait de mon recueil " A Valery Larbaud"

Valery Larbaud, né le 29 août 1881 à Vichy, était le fils de Nicolas Larbaud, propriétaire des sources thermales à Vichy.

Voyageur cosmopolite, surnommé " L'agent secret des lettres " par Cocteau , il traduisit et fit connaître les littératures étrangères: Joyce, Faulkner, Ramon Gomez de la Serna...soutint des écrivains provinciaux, tels Marguerite Audoux, Charles-Louis Philippe.

Il produisit une oeuvre raffinée: " Les oeuvres de A.O. Barnabooth".

En 1936, une attaque le laisse paralysé et aphasique.

Le grand voyageur est désormais condamné au silence et à l'immobilité.

Il meurt en 1957.

Pluie fine    Regard en miettes

Ravissement de Lolita    Visage en bas!

Sous les palmiers binaires du jardin à couvert

L'herbe pousse trop verte.

Par un été polaire

Le vent absent laisse béant l'espace entre les toits
Le bois cassé des branches ne craque plus

Sur les murets.

Pluie fine    Regard en miettes

Ravissement de Lolita   Visage en bas!

A l'intérieur de la maison de pierre

Le silence grandit trop vite

A travers les fentes amères

Du parquet ciré de naguère 

L'essence des absences anciennes

Se faufile et embaume l'atmosphère

D'un parfum si suave

Que les pensées s'endorment   peu à peu...

Et la plume s'alanguit

Sur la ligne qui fuit.